On pense tout de suite à la grand’messe, à Noël, aux bigotes, au Fantôme de l’Opéra, à un arrière-plan musical ennuyant.
Pourtant, lorsqu’il trône à la tribune, au cœur d’une vaste nef néo-romane de bois et de pierre de plus d’un siècle. Quand c’est un beau grand Casavant, Opus 1732, 4 claviers, 85 jeux, 112 rangs, 6186 tuyaux, construit en 1942. Quand il est soliste en concert, sous les ordres d’un maestro, c’est une tout autre affaire.
Assister à un concert de grand orgue solo in situ est une expérience hors du commun. On s’assoit sur le banc de bois, on ferme les yeux, on éteint le cerveau. Les ondes sonores envahissent tout l’espace et nous prennent tout entier. L’on se joue de nous, l’on devient soi-même l’instrument de musique, des papillons dans la tête, une brise alpine dans la poitrine, des caresses le long du dos, un rugissement de torrent au creux du ventre… Et toujours, au bout du voyage, on est emporté par le crescendo de sa grande finale triomphante.
Festival d’orgue du printemps à l’église Saint-Roch, gratuit, tous les mercredi midi de mai.
Le superbe spectacle de la troupe de danseurs, chanteurs et musiciens argentins Social Tango Project se tenait lundi soir à la salle Louis-Fréchette du Grand Théâtre de Québec. Ce fut un immense plaisir pour moi d’explorer le plateau pendant la préparation des artistes.
La milonga, organisée par l’association Tango Québec, précédait le spectacle de la compagnie Social Tango Project.
Elle se tenait dans le foyer du Grand Théâtre de Québec, au pied de la monumentale fresque de l’artiste muraliste Jordi Bonet.
Dans l’intermède entre son départ de chez Jean et… son retour chez Jean, l’antique banc de piano à pattes d’aigles a été pensionnaire chez moi pendant plusieurs années, où il a vécu bien des partys. Je suis heureuse qu’il ait maintenant retrouvé sa maison chez m’sieur Painchaud!
(crédit photo: Éloi Painchaud)
Joie!
Aujourd’hui, je deviens officiellement la mère adoptive du fameux piano bourlingueur qui était en pension chez moi depuis plus de dix ans.
Lire la vie du piano de M’sieur Painchaud:
Ce matin, Goglu et le petit Hibou, à l’âge tendre des couches, ont trouvé les flûtes à bec: concert tonifiant!
Lost in Maine’s backcountry like in a Stephen King’s weird story.
Wandering like a ghost.
Listening to Timber Timbre’s Demon Host.
DÉLICIEUX!
Extrait de l’hommage d’André Boisclair à Bernard Landry (1937-2018), Premier ministre péquiste du Québec (2001-2003):
««Un peuple qui ne connaît que les refrains est voué à un destin mineur», lance Bernard Landry, alors vice-premier ministre et ministre des Finances, au début d’une réunion hebdomadaire du Conseil des ministres. Nous sommes à la fin des années 1990. Je revois la scène comme si c’était hier. À l’occasion de l’anniversaire de naissance du premier ministre Lucien Bouchard, les membres du Conseil venaient d’entonner, quelques minutes plus tôt, le célèbre refrain de circonstance «Mon cher Lucien, c’est à ton tour…» Landry se lève, nous tétanise de cette déclaration et poursuit en chantant, de mémoire et sans aucune hésitation, chacun des couplets de l’hymne de Vigneault, sous le regard ébahi de tous, mais en particulier des plus jeunes — les Legault, Baril, Facal, Maltais, Lemieux, Léger, Bélanger, Cliche, Goupil — qui, comme moi, n’avaient pas connu le cours classique. À sa manière bien à lui, M. Landry venait de nous donner une leçon, mais surtout de nous tendre la main, en nous rappelant l’importance des mots et l’exigence de l’engagement.»
–
Entre nous, beau défi, allez, j’essaie un bout:
«Le temps qu’on a pris pour dire je t’aime
Est le seul qui reste au bout de nos jours
Les vœux que l’on fait, les fleurs que l’on sème
Chacun les récolte en soi-même
Au beau jardin du temps qui court
Refrain…»
(extrait de Gens du pays, Gilles Vigneault)
Les CARMINA BURANA de Carl Orf étaient présentées lundi dernier à la Maison symphonique : OUF!
Un chef, trois chanteurs solistes un peu dada, deux pianos à queue tête-bêche et une tribu de percussionnistes musclés, cernés par un chœur de 200 voix ajustées au pointillé, dont plus d’une vingtaine d’hommes au pupitre des basses… Impressionnantes basses. Terrestres. Omniprésentes.
Comment décrire cette œuvre étrange? Introduit et conclu par deux complaintes d’O FORTUNA décoiffantes, le recueil de chansons païennes, entre sévère et léger, entre le moyen-âge, le vaudou et la comédie musicale, mais avec rien ni de l’un ni de l’autre, ne se décrit pas.
O Fortuna
velut luna
statu variabilis,
semper crescis
aut decrescis;
vita detestabilis
nunc obdurat
et tunc curat
ludo mentis aciem,
egestatem,
potestatem
dissolvit ut glaciem
Belle idée folle!
Ma vieille maman, 90 ans bien sonnés, a besoin de faire bouger ses doigts plein d’arthrose, ses poignets qui ont subi de méchantes fractures, et sa mémoire. Elle aimerait renouer avec le piano qu’elle pratiquait dans les années 30-40.
Je vois, dans le salon de son propret bungalow, une belle place entre les meubles d’époque défraîchis et les photos de famille, pour un vieux piano droit qui, comme elle, aurait du cœur et du vécu.
Quelqu’un chercherait-il un foyer adoptif pour son instrument, le temps de (peut-être encore) quelques années?
Le bandoneon de Denis Plante, bandonéoniste, et Nancy Lavoie, tanguera.
Clichés tirés de la prise de vue pour l’affiche de ULTIMO, spectacle de la troupe Tango Vintage
Le bandoneon Alfred Arnold de Denis Plante.
Clichés tirés de la prise de vue pour l’affiche de ULTIMO, spectacle de la troupe Tango Vintage
Belle idée de fusionner un musicien fou et un instrument démentiel!
En ce dimanche après-midi pluvieux, Willem Tanke et le grand Casavant des Saints-Martyrs-Canadiens nous ont servi une belle joute (sur les oeuvres de Tanke lui-même, de Messiaen et de Bach).
Le grand orgue est une boîte remplie de paysages bucoliques, de clochettes, d’oiseaux, de petits anges et de Saint-Esprit. Il fait semblant d’être inspiré par Dieu mais je suspecte le diable d’habiter ses flûtes.
Aujourd’hui, pourtant, enveloppés d’une musique minimale, mélodieuse, méditative à souhait, on pensait bien s’en être tirés, mais… iiiiiiii, juste avant la pause, un motif «archaïque», grave, cyclique, d’abord discret, puis entêtant, s’est installé… Et puis voilà, en deuxième partie, il est trop tard. D’un pas sombre, le malin s’est rapproché. Il s’abat sur nous dans «une tonalité élargie de la fa dièse majeur», en fortissimo massif! La pièce terminale nous achèvera ensuite dans une dramatique apothéose digne du Big Bang («spectaculaire mais ne respectant pas nécessairement les limites du bon goût», comme le veut une tradition répandue chez les organistes)…
Oui, c’est encore le diable qui a gagné. Une chance, il n’y avait pas d’enfants dans le temple!
L’orgue Casavant résidant en l’église des Saints-Martyrs-Canadiens, photographie tirée du projet Art sacré, actes créateurs
La troupe se prépare pour le spectacle ULTIMO, dans les coulisses du Palais Montcalm, le 30 avril 2016