Concert du dimanche après-midi
Belle idée de fusionner un musicien fou et un instrument démentiel!
En ce dimanche après-midi pluvieux, Willem Tanke et le grand Casavant des Saints-Martyrs-Canadiens nous ont servi une belle joute (sur les oeuvres de Tanke lui-même, de Messiaen et de Bach).
Le grand orgue est une boîte remplie de paysages bucoliques, de clochettes, d’oiseaux, de petits anges et de Saint-Esprit. Il fait semblant d’être inspiré par Dieu mais je suspecte le diable d’habiter ses flûtes.
Aujourd’hui, pourtant, enveloppés d’une musique minimale, mélodieuse, méditative à souhait, on pensait bien s’en être tirés, mais… iiiiiiii, juste avant la pause, un motif «archaïque», grave, cyclique, d’abord discret, puis entêtant, s’est installé… Et puis voilà, en deuxième partie, il est trop tard. D’un pas sombre, le malin s’est rapproché. Il s’abat sur nous dans «une tonalité élargie de la fa dièse majeur», en fortissimo massif! La pièce terminale nous achèvera ensuite dans une dramatique apothéose digne du Big Bang («spectaculaire mais ne respectant pas nécessairement les limites du bon goût», comme le veut une tradition répandue chez les organistes)…
Oui, c’est encore le diable qui a gagné. Une chance, il n’y avait pas d’enfants dans le temple!
L’orgue Casavant résidant en l’église des Saints-Martyrs-Canadiens, photographie tirée du projet Art sacré, actes créateurs