Avant l’étale

Ce matin, l’étrange hiver ressemble au printemps. Le fleuve a son allure de dégelé. À peine un fin miroir glacé le recouvre. Ici et là des monticules de glaces grises ont l’air de flotter dans un ciel inversé.

Sur la grève, une roche ronde. Comme une tête qui dépasse.
Dans un dernier élan de marée montante, l’eau la rattrape. Le fin miroir s’y déchire en chuintant et entreprend de la décorer.
Ça commence par un petit nœud papillon, brillant sous le soleil. Puis un franc nœud de cravate, une lavallière, un double-Windsor, un col, col roulé, col châle, collerette, écharpe, foulard, poncho… et hop un bonnet une calotte une cagoule un capuchon…

Pièce montée qui continue de monter, tout en mosaïque de dentelles de mousseline de résille de velours de satin de taffetas de paillettes… puis…

Puis… tout s’arrête.
Silence.
La brise est tombée, l’eau s’est immobilisée.

Ça alors, c’est étale!

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