Décembre. Des nuits à -20. La froidure.
Au bord du grand fleuve en fin d’après-midi se déclinent tous les tons de bleu, de jaune et de rose.
À la faveur de la marée baissante, la ligne des rochers pointe lentement à la limite des eaux profondes, rétrécissant le chenal comme par surprise. En marchant longtemps, j’avais vu venir de loin le champ de jeune glace couvrant le fleuve sur toute sa largeur. Voici qu’il est entravé dans son cours, voici qu’au grand ralenti la glace doive se compresser, se recroqueviller, se télescoper, se déchirer, se concasser pour passer. Voici qu’elle se frotte à la barre de récifs, qu’elle gémit, qu’elle grince et qu’elle explose dans un interminable fracas de tremblement de terre.
La glace grise de ce décembre s’excite facilement mais n’est pas trop obstinée, elle est passée. Elle laisse la place à l’onde lisse qui descend paisiblement vers l’océan.
Très loin vers l’amont, là ou le fleuve disparaît entre ses rives, le soleil fait flamber les orangés avant de plonger au-delà de l’horizon sud-ouest.
Il est 16 heures, à l’heure d’hiver.
Hier soir au crépuscule, en attendant la pluie…
Porté par les vents de grandes marées sous le ciel bleu, mon fleuve majestueux se prend pour la mer du Nord.
Pluie battante verglaçante. Le ciel et les champs se confondent, puis disparaissent.
Il reste quelques arbres givrés sous les réverbères.
Diaporama:
La nuit, sous le verglas et dans le brouillard. Contraste inhabituel entre le lustre du sol et l’opacité du ciel.
Diaporama: