Tournant de saison
Dimanche soir, dix-sept heures.
Une de ces rares journées où l’automne sent le printemps.
Assise sur ma terrasse, il me vient une vague impression d’irréel. L’air est doux, mouillé et parfaitement immobile. Depuis l’ouest, à l’horizontale, le ciel gris-jaune illumine la cime des bouleaux encore touffus de feuilles dorées qui se découpent, phosphorescents, sur la sombre toile de ciel étendue à l’est.
Ce calme…
Les feuilles lourdes, s’abandonnent à leur dernière chute. On les entend dégringoler de-ci de-là, de branche en branche… tchik, tchik… tchik… tchik, tchik, tchik…tchik.
Ce silence…
L’appréhension de l’enfermement hivernal me font ce soir ouvrir toutes grandes toutes les fenêtres.
Puis, vers quatre heures du matin, je serai tirée de mon sommeil par le sifflement violent de ce vent arrivé, comme s’il jouait à travers les drisses et les haubans d’une caravelle géante.
Lundi matin.
Ça y est, ce matin la rosée est toute givrée…
Saison des nez qui coulent et des lèvres gercées.