Redoux
Début de journée comme les autres, semblait-il.
Pourtant, en pleine saison de grands froids, un petit matin ce matin s’est pointé, gris et mouillé.
Imperceptiblement, l’air s’est dilaté, tiède et doux, comme après la pluie, permettant de respirer un peu plus largement.
Incongrue, je me suis glissée dans ma jupe à fleurs.
Je venais de terminer un travail titanesque. Tant d’énergie investie dans une tâche nouvelle, tant d’inconnu, d’incertitude. Tant de remises en question et surtout, tant d’heures! J’enfilai la précieuse enveloppe sous mon bras et sortis. Calée dans la banquette, volant-café-cigarette en mains, je m’élançai sur la route du bord de l’eau. Le vent moite s’engouffrait par la fenêtre grande ouverte…
Adolescente échevelée dans sa jupe fleurie.
Le reste est sans intérêt si ce n’est qu’après avoir livré le projet, je me suis remise en route en chantant fort. Longeant le fleuve qui charriait sa gadoue, entre les lambeaux de brouillard et les brumes de fatigue, j’ai respiré un avant-goût de printemps.