Les intrus à moteur son partis.
Mon beau grand lac a retrouvé la tranquillité d’août. La forêt et sa petite faune sont les premiers à reprendre leurs droits.
Ah, le plaisir de nager seule dans un grand lac à l’onde fraîche. Au-dessus, une buse joue au planeur dans les courants d’air chaud. Dans le royaume à grenouille, N’Héron, le grand bleu, fait la branche sur ses échasses en attendant que son goûter passe par là. Riquiqui, le Martin-pêcheur fou, se garroche à l’eau puis se sauve, menu fretin au bec, dans un joyeux bruit de crécelle. Jo et Josette Huards, au rire dément, émergent ici, puis coulent là, puis ré-émergent… tiens, où donc cette fois?
Avec le «silence» du lac et de la forêt touffue: ténus clapotis, bourdonnements des demoiselles, craquettements des cigales, petites notes sifflées, nasillardes, ou flûtées des volatiles invisibles dans la frondaison, chiffonnements trotte-menu dans le couvre-sol craquant, cris de guerre de l’écureuil roux, au loin la mitraillette du grand pic et le houhou-hou-hou-houhou «disco» de la chouette. Avec le long vent d’ouest qui prend son élan loin au-delà des limites du lac pour venir s’enchevêtrer en murmurant aux sommets des grands pins.
Strait of Georgia depuis Grouse Mountain
Un bon pied de folle neige à raquettes: hop dans le bois, hop dans le champ, hop sur le marais pas encore gelé…
PAN! le gibier atteint est à l’eau.
Dans l’enthousiasme pour le cueillir, le canot a versé.
Sa veste n’était pas attachée,
le jeune est mort, noyé.
Au bord du fleuve, sous un ciel immaculé, l’air est vif et le vent de février mordant.
Marée baissante.
Soumises à la gigantesque vague planétaire, les eaux du fleuve se ruent vers l’océan en charriant des tonnes d’icebergs en mille miettes. Dans un vacarme de débâcle et de vitre broyée, le train des glaces libres se frotte au passage à la banquise qui, prisonnière de la baie, grince, gronde et explose sous la force implacable.
Au loin, sur l’autre rive, la bourrasque soulève au soleil la poudreuse tombée ces derniers jours. À fleur de chenal, on voit la batture chatoyer comme l’or et l’argent sous la lumière oblique de 16 heures.
Hier, 10 octobre, j’ai nagé mon petit kilomètre dans le lac (oui, un peu plus vite que d’habitude, mais bon).
Étrange, quand des voiliers d’oies passent au-dessus…
J’ai beau être une ourse polaire, y a pas à dire, le climat se réchauffe!
La journée a été magnifique!
Depuis la fin de semaine dernière, les couleurs ont explosé, l’automne est bel et bien là…
Le petit pont nous menant au chalet est trop abimé, il sera reconstruit sous peu. On se dépêche (tranquillement) à préparer la place pour l’hiver. On a déjà monté les embarcations, défait et remisé le quai…
J’ai quand même nagé mon kilomètre, style libre dans les eaux libres du grand lac, battant ainsi le record familial amical d’ours polaires du 28 septembre dernier (c’était frisquet et ravigotant)…
… et photographié plusieurs champignons, de profil.
PLOUCH!
Ce n’est pas une roche, c’est le petit martin, pêcheur intempestif, qui vient de se lancer à l’eau n’importe comment pour en ressurgir illico, poisson au bec.
Et allez YOUPLA HOP, on y retourne! Et encore et encore…
Joie!
Puis, pour rien, dans un crépitement de bébelle, il passe comme une flèche sous mon nez et disparaît au tournant de la rivière.
Des heures à rouler sous un déluge infini. À nager, plutôt, entre stratus et bitume, à travers la campagne noyée. Les champs font marécages. Les rus vont, rivières. Le fleuve est la Mer du Nord.